samedi 12 juillet 2014

Le sabre en Europe médiévale, partie 1 : le sabre, arme par nature

Dans l'imaginaire collectif, l'arme typique de l'Europe médiévale est l'épée : une arme à lame droite et à double tranchant. Bien que ce soit effectivement vrai, peu savent que le sabre y était lui aussi très répandu, en plus d'être estimé et très apprécié. On ajoutera aussi que « Europe médiévale » ne signifie rien en soi. L'Europe est un ensemble de territoires à peine défini à l'époque et « médiéval » rapporte à une période qui a duré mille ans, comme si elle avait été un tout uniforme et cohérent sans aucun changement du début à la fin. Raisonner ainsi revient à dire que Louis XIV et la conquête de Mars prennent place au même moment de l'histoire de l'humanité.
Nous devons aussi rappeler ce qu'est un sabre avant d'entrer dans le vif du sujet : on appelle « sabre » toute arme blanche dont la lame, trop longue pour en faire un couteau, est courbe et munie d'un seul tranchant complet (l'éventuel second tranchant n'est donc que partiel). Évidemment, cette définition souffre des exceptions : il y a eu des sabres droits, bien qu'on parle de préférence d'« épée à simple tranchant » ou de « latte », et il y a eu des modèles dont la lame portait deux tranchants complets, auquel cas là aussi on préfère parfois parler d'« épée courbe », ceci par coutume (l'épée étant la plus répandue dans nos régions, tout objet approchant est appelé par défaut « épée », ce qui constitue d'ailleurs un abus de langage). Il existe des sabres à courbure « rentrante » (comme une lame de faux) et à courbure « sortante » (comme une lame d'hirondelle de bourrelier).
Il existe un grand débat entre ceux qui considèrent que le sabre dans l'Europe médiévale est une arme à part entière qu'on doit placer sur un pied d'égalité avec l'épée et ceux qui pensent qu'il n'est qu'une dérivation d'un outil et qu'il doit donc être considéré de la même manière que la hache de guerre. Nous allons voir que ces deux hypothèses ne s'excluent pas mutuellement. Jusque récemment, une troisième hypothèse était encore admise (et on peut même encore l'entendre actuellement dans des salles de classes dirigées par un professeur à l'esprit réfractaire) : le sabre en Europe médiévale serait une tentative de copie (ou un effet de mode) résultant du contact avec les peuples orientaux durant les croisades. En effet, leurs fameux cimeterres, des sabres à la terrible efficacité, auraient impressionné les croisés qui, revenus en Europe, auraient tenté de le copier. Cette hypothèse a été infirmée pour plusieurs raisons très simples : pour commencer, les croisades ont débuté à la fin du XIe siècle et le sabre existe en Europe depuis l'âge du bronze, plusieurs milliers d'années avant la première croisade (et le début de la reconquista). Aussi, Les cimeterres n'étaient pas « d'une terrible efficacité ». C'étaient des sabres et, en tant que tels, ils avaient leurs avantages (une taille efficace et un maniement dans l'ensemble plus aisé) et leurs inconvénients (un estoc peu efficace, sinon déplorable). Enfin, argument incontestable, le cimeterre n'existait tout simplement pas à cette époque. Certes, les orientaux, tout comme les européens, utilisaient des sabres mais, là encore comme chez les européens, ils étaient largement sous représentés puisque l'arme la plus répandue chez eux restait l'épée, à lame droite et double tranchant. Seuls les peuples iraniens utilisaient principalement le sabre et eux n'ont pas pris part aux combats des premières croisades (et leurs sabres n'étaient alors pas des cimeterres). Les européens n'ont donc pas pu être impressionnés par la qualité et l'efficacité du cimeterre puisqu'il n'en ont pas vu avant le XIVe siècle. Le tout premier sabre islamique (c'est à dire une arme arabe ou turque, et pas persane), qui est d'ailleurs le tout premier cimeterre, date de 1297 et est conservée au Topkapi Saray Museum sous le numéro d'inventaire 1/304.


Le tout premier sabre islamique connu et aussi le premier véritable cimeterre, qui date de 1297 (forgé en l'honneur de la victoire du sultan Husam al-Din Lajin). In Unsal Yucel: Islamic swords and swordsmiths. O.I.C. Centre de recherche pour l'histoire islamique, l'art et la culture, IRCICA, 2001.
Il reste donc deux hypothèses et nous allons voir qu'elles ne s'infirment pas mutuellement, ce qui s'explique par le simple fait qu'elles sont toutes les deux vraies : oui, l'armement européen comprend des sabres, armes à part entière, dont le rang et la qualité étaient égaux à ceux de l'épée mais il existait aussi des sabres de moindre rang (mais pas forcément de moindre qualité, par ailleurs) qui étaient des armes dérivées d'outils agricoles ou artisans. Actuellement, le commun utilise le terme « fauchon » pour désigner tout type de sabre européen, ce qui est une erreur puisque le fauchon est un type bien spécifique de sabre. Cette tendance a même atteint les historiens et les universitaires, qui désormais nomment « fauchon de # » toute arme qui ressemble vaguement à un sabre ou une épée sans en être réellement. L'exemple type est le « fauchon de Maciejowski », qui n'est pas un fauchon mais plutôt une sorte de feuille de boucher ou d'équarrissoir (nous y reviendrons).

          Le sabre, arme à part entière :

Parmi les plus anciennes découvertes de l'âge du fer européen, on trouve des sabres ou des épées à simple tranchant, qu'on appelle "grands couteaux". Ils côtoient des épées à double tranchant, ont les mêmes dimensions et leurs aciers sont d'égale qualité, mais on note qu'ils sont largement plus nombreux. On trouve la même forme générale et le même quota sabre/épée de la Bretagne aux Balkans, ce qui indique que l'usage du sabre en Europe était répandu et non pas une particularité de telle ou telle autre localité (on note néanmoins un nombre d'épées à simple tranchant très élevé sur le littoral de la mer baltique).
Ils présentent des montures semblables à celles des épées, avec une soie aiguille ou plate enfermée dans la poignée et rivetée à un pommeau qui fait tenir l'ensemble solidement. Les lames disposent d'un seul tranchant et parfois d'un court contre-tranchant affûté qui n'est pas sans rappeler certaines dagues de vénerie plus tardives ou le warabite tachi japonais de la même époque (lui-même rappelant les épées chinoises du moment). Elles sont relativement fines (5 à 7 mm) et larges (50 à 80 mm), leur longueur varie d'une soixantaine à plus de 80 cm. Le tranchant et le dos sont droits, plus ou moins parallèles et la pointe est formée par une courbure douce avec un dos « drop-point » (dos tombant vers le tranchant, tous deux suivant une courbure douce sans sommet abrupte pour se rejoindre). L'émouture est convexe et commence dès le dos, les flancs de la lame sont plats et souvent creusés d'une ou plusieurs gouttières dont certaines sont esthétiques (fines et peu profondes) et d'autres clairement fonctionnelles (profondeur conséquente menant à un réel gain de poids et de rigidité). Les lames n'ont généralement pas de courbure, ou une infime courbure rentrante. Certains exemplaires ont un montage dit « à plate semelle », ce qui signifie que la soie a la forme de la poignée finie et est flanquée de deux plaquettes de bois formant poignée. Dans un tel cas, il n'est pas rare que la semelle forme une ou deux branches recouvrant les doigts dans un but à la fois protecteur et esthétique.


Plusieurs modèles de "grands couteaux", ou épées à simple tranchant, dont les trouvailles du site de Hjortspring, en actuelle Suède. Le quatrième exemplaire en partant de la droite a été reconstitué par le fabricant Albion Sword sous le nom de "Cherusker". Notez, sur la page de gauche, les lames pliées. Ce sont des épées dites "sacrifiées" : alors que le guerrier mourait, il partait faire la guerre dans le royaume des morts et devait donc conserver son arme. Néanmoins, pour éviter qu'un pilleur de tombes ne vienne la lui subtiliser dans son cercueil, on chauffait l'épée et on la pliait, l'enroulait sur elle-même ou la rabattait, de telle sorte qu'elle soit inutilisable sans repasser chez un forgeron qui, alors, se serait rendu compte que l'objet était volé à un mort et aurait prévenu les autorités. De là vient le mythe qui veut que les celtes étaient de piètres forgerons, dont les lames se pliaient en plein combat et qu'on devait redresser à coup de pied au milieu du champ de bataille. En vérité, les celtes étaient de très excellents forgerons et, si on sait de nos jours reproduire la qualité exceptionnelle des lames scythes ou japonaises, on a encore du mal à égaler celle des armes celtes.

Le "warabite tachi" japonais. Notez la ressemblance. A cette époque, les lames japonaises sont des copies des lames chinoises, qui elles-mêmes sont inspirées des lames produites par les peuples des steppes, eux-mêmes très présents dans toute l'Eurasie puisqu'ils étaient nomades. Il n'est pas étonnant qu'il y ait de très fortes similitudes dans l'armement de tous ces peuples, bien qu'ils soient parfois séparés de plusieurs milliers de kilomètres. On note le même lien entre les épées "jian" chinoises et l'épées celte "cladio" ou la "spatha" romaine.

Ce type d'épée à simple tranchant se retrouve dans une forme presque inchangée jusqu'au début de l'empire romain, dans les années 100 à 150, après quoi il disparaît presque totalement. L'épée à double tranchant l'a sans doute remplacé jusqu'au retour, très tardif, du sabre, cette fois-ci dans sa forme médiévale. Nous faisons donc un bond dans le temps jusqu'aux environs du XIIe siècle. Là apparaît timidement un nouveau type de sabre, qu'on appelle « fauchon ». Contrairement à une idée reçue, il est construit très exactement comme l'épée : sa soie plate ou aiguille est enfermée dans un manchon de bois dur fait de deux demies-coques assemblées ou d'un bloc massif percé sur sa longueur qui est lui-même enrobé de cuir puis encordé avec du gros fil de lin qu'on poisse avec de la cire d'abeille. Les pommeaux et les gardes des fauchons sont très exactement les mêmes que ceux de l'épée, ils suivent la même évolution et les mêmes modes, l'ensemble garde-poignée-pommeau a le même poids et la même taille que ceux des épées contemporaines.
Les lames, faiblement courbées (flèche maximale de 2 cm environ. Généralement moins de 1 cm) sont généralement un peu plus courtes que celles des épées, dépassant rarement les 80 cm et se situant généralement dans les environs de 70 à 75 cm. Elles ont un talon de largeur moyenne (4 cm environ) et s'élargissent vers la pointe de manière plus ou moins subtile (parfois plus de 7 cm, mais généralement 5,5 à 6 cm). Le dos forme un décroché avant la pointe, donnant une forme qu'on nomme par l'anglicisme « clip point », semblable à celle du célèbre couteau « bowie » américain.


La forme clip-point, avec son fameux décroché. Il peut être concave, comme présenté ici, ou droit, auquel cas on parle plutôt de "broken-back". Les anglicismes sont omniprésents dans le milieu de l'armement.

La forme drop-point, opposée au clip-point. Le dos subit une courbure non pas concave mais convexe. Si la lame est symétrique, qu'il y ait un ou deux tranchants, on parle de "spear-point".

Ce décroché est souvent affûté de manière à former un contre-tranchant et l'éventuelle gouttière qui longe le dos de la lame s'arrête là où le contre-tranchant débute. Les gouttières sont généralement seules et présentes d'un seul côté, mais on trouve des modèles à plusieurs gouttières et appliquées des deux côtés de la lame. Une des particularité très en avance sur son temps du fauchon (ce qui prouve que le fauchon était bel et bien une arme à part entière faisant l'objet d'une recherche d'efficacité et de technicité, et pas un outil agricole détourné de son usage) est la présence quasi-systématique d'un « ricasso », partie du tranchant juste derrière la garde qui est non affûtée et laissée massive, ceci dans le but de renforcer le « fort » de la lame (la partie la plus proche du talon, qui sert à recevoir l'arme de l'ennemi) mais aussi de passer le doigt au delà de la garde pour gagner quelques centimètres sur l'avant de l'arme et ainsi rapprocher la main du centre de gravité de l'objet dans le but d'avoir un meilleur contrôle de la pointe et permettre, donc, un estoc plus précis, plus puissant, plus efficace. Le fauchon répond donc à un problème inhérent à sa forme courbe, l'estoc peu efficace, et le corrige. L'exemple le plus caractéristique de ce type d'arme est le fauchon dit « de Thorpe », qui date de la fin du XIIIe siècle, mais des modèles de ce type ont existé du début du XIIIe à la fin du XVIe siècle. Cet exemplaire, conservé au château de Norwich, a une lame de 80 cm et a perdu un morceau de sa pointe (on l'estime généralement à un peu plus de 82-83 cm), son épaisseur est de 2,5 mm mais on estime l'épaisseur originelle à environ 3,5 mm au talon (ce qui reste très fin) et 3 mm au niveau du décroché, la largeur au talon est de 48 mm et la largeur maximale, au niveau du décroché, est de 56 mm. La gouttière, fine et peu profonde, n'est présente que sur le flanc gauche de la lame. L'ensemble pèse 904 grammes, soit un poids total d'environ 950 à 1100 grammes dans son état originel (selon le bois composant la poignée, la quantité de métal disparue avec le temps, etc.), c'est donc une arme dans la moyenne de poids de son temps.

Le fauchon de Thorpe, archétype de son genre. Exposé au Norwich Castle Museum.

Un modèle méconnu est une dérivation de ce type de fauchon. La forme est exactement la même mais le tranchant et le dos sont inversés par rapport au modèle du fauchon de Thorpe, si bien que la lame a une courbure rentrante, le tranchant est placé sur le côté disposant d'un décroché et le dos est (forcément) de l'autre côté. Ils sont beaucoup plus rares, autant dans les trouvailles archéologique que dans l'iconographie, mais semblent avoir eu néanmoins un certain succès, notamment en France et en Italie. On les voit parfois munis d'une garde recouvrant les doigts. Un exemplaire en bon état de conservation peut être observé au musée des Invalides, à Paris (musée qui dispose d'ailleurs d'un grand nombre de pièces atypiques d'une valeur historique très importante). Ses dimensions et sa qualité sont semblables à celles du fauchon de Thorpe, la lame est néanmoins légèrement plus courte (environ 5 à 6 cm de moins).


Le fauchon des Invalides. Notez la gouttière présente du côté opposé au décroché. La configuration de la lame est l'exact contraire de celle du fauchon de Thorpe, bien qu'elle ait peu ou prou la même forme et les mêmes dimensions.

Certains fauchons avaient une lame sans courbure et à dos droit sans décroché. Sur un tel exemplaire, la pointe était parfois virtuellement incapable d'estoc puisque le tranchant prenait une très forte courbure pour rejoindre le dos et formait donc avec celui-ci un angle très ouvert, généralement une quarantaine de degrés et approchant dans certains cas les 90 degrés. Ces modèles ont une largeur de lame importante (parfois plus de 12 cm) avant la pointe. Ils sont plus anciens que le modèle précédemment décrit (XIIe à XIVe siècle) et disposent de la même qualité de fabrication. Eux aussi disposent des mêmes montures que les épées à double tranchant de leur époque. Bien que leur allure massive laisse à penser que c'étaient des armes moins raffinées, on note que l'iconographie de l'époque les représente autant que les fauchons de l'autre type et les épées aux mains des chevaliers. Ils sont même généralement montrés comme très efficaces. L'exemple type est le fauchon dit « de Conyers », qui présente une monture élaborée disposant de nombreuses gravures d'une grande qualité. Une arme indéniablement noble et rafinée.

Le fauchon de Conyers, conservé à la Cathédrale de Durham. La qualité du cliché ne permet pas de voir les gravures élaborées de la monture en bronze. Anecdote intéressante, l'objet est toujours utilisé pour sacrer l'évèque de Durham, auquel Conyers a fait cadeau de son arme en signe d'allégeance après avoir tué le dragon de Stockburn, en 1063. C'est peu probable, même si on croit à l'existence des dragons, puisque la famille Conyers serait apparemment arrivée en Grande Bretagne en 1066 avec Guillaume le Conquérant, mais il faut savoir laisser un peu de légende à notre histoire.

Un autre exemple est celui exposé au Chateau de Cluny, en France, au numéro d'inventaire CL.3452. Plus court que le fauchon de Conyers, il dispose comme ce dernier d'une monture en bronze, d'une lame plus courte (environ 50 à 55 cm au lieu de 73,5 pour l'exemplaire de Conyers) et d'une poignée elle aussi plus courte, tout juste suffisante pour une main adulte et qui rappelle les poignées très courtes des épées de l'âge du bronze, sur lesquelles le bas de la paume de la main et les doigts venaient chevaucher le pommeau pour donner plus de puissance aux coups de taille (la bosse que forme le pommeau donne à la main un point d'appui supplémentaire permettant de donner un coup de taille extrêmement efficace). Les deux modèles ont des lames extrêmement fines, l'exemplaire de Conyers ayant une épaisseur de 6 mm au talon (ce qui est dans la moyenne basse des épées de l'époque) et de 1,2 mm juste avant la pointe (ce qui est extrêmement fin). Ces mesures nous indiquent que le fauchon, contrairement à une idée reçue, n'était pas une arme lourde destinée à pénétrer dans la chair à la force de son poids, comme une hache, mais au contraire une arme subtile dont le maniement faisait appel non pas à la force brute mais à l'art de la coupe (manière d'utiliser un objet tranchant pour donner des coups de taille. L'art de la coupe permet des coupes extrêmement efficaces et, par exemple, de trancher en deux, d'une épaule à la hanche opposée, un être humain d'un seul coup). On notera aussi des objets semblables au fauchon de Conyers mais dont le dos se prolonge loin en avant pour former une pointe aiguë.

Comme ceci. Bien qu'on note de très fortes similitudes avec le fauchon des Invalides présenté plus haut, il faut garder en tête que les deux armes sont conçues différemment : le modèle des Invalides est une inversion du fauchon de Thorpe (la lame a exactement la même forme mais on a interverti le dos et le tranchant), il est donc à courbure rentrante. Ce modèle-ci est un fauchon type Conyers dont on a étiré la pointe et, de fait, il est au contraire à courbure nulle ou légèrement sortante. On note d'ailleurs ceci par la forme de la pointe : sur le modèle des Invalides, c'est un décroché du tranchant qui forme la pointe alors qu'ici, c'est une prolongation du dos. Nous retrouvons donc peu ou prou le même objet, mais partant de deux modèles de base différents et nés de réflexions différentes. C'est ce qu'on appelle une "convergence évolutive". Reproduction par J. T. Pälikkö, maître forgeron.

Enfin, le XVe siècle a connu une recrudescence de sabres de formes diverses et variées, sans qu'il ne semble y avoir de réelle forme de base à partir de laquelle les divers styles se détachent : les formes et styles esthétiques sont disparates et on a du mal à faire un lien précis entre telle forme et telle autre. Les divers types de lames côtoient les divers types de monture indifféremment. Certains semblent être des fauchons étirés pour en faire des sabres tenus à deux mains dans le style du kriegmesser allemand (traité dans l'article suivant), d'autres ont de très nombreux points communs avec le katana japonais, d'autres encore rappellent les sabres moyen-orientaux et certains préfigurent les formes de lame des sabres européens des siècles suivants. Il semble que les français, les italiens (du Nord de l'Italie), les germains et, surtout, les suisses en ont été très friands. On en voit souvent dans l'iconographie mais peu sont retrouvés sur les sites de fouilles archéologiques. Les quatre clichés suivants présentent diverses déclinaison, très proches les unes des autres, d'un type de sabre généralement nommé "sabre suisse" (qui n'a, par ailleurs, pas été utilisé qu'en Suisse, mais dans toute l'Europe centrale). Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres : il y a eu des dizaines de types différents de sabres européens. La documentation à leur sujet est encore plus rare que leurs traces physiques sur les sites de fouilles, ce qui explique l'absence de photographies de ceux-ci dans le présent article.

Reproduction d'un sabre suisse, seconde moitié du XVe siècle. Reproduction par Christian Fletcher, collection privée

Une autre modèle, même époque, dont la monture a exactement le même style esthétique que le précédent, mais la lame est totalement différente : contre tranchant affûté et gouttière très large qui court tout le long de la lame, à opposer à la gouttière relativement fine et courte du modèle précédent, dont la lame porte un nerf sur son dernier quart et un contre-tranchant non affûté (dit "faux" contre-tranchant). Reproduction d'après deux modèles d'époque, J. T. Pälikkö, maître forgeron.

Encore un sabre suisse, là aussi avec une monture de même style que les précédents mais une lame différente. Exemplaire d'époque. Référence A489, Wallace Collection.

Un autre sabre suisse et, là encore, on retrouve une même monture mais une lame différente (qui néanmoins partage de nombreux points communs avec le modèle de Pälikkö). Reproduction d'après exemplaire d'époque, Arms and Armor.

Ici, on observe un sabre à forte lame italien, suisse ou allemand de la fin du XVe siècle en haut. Ce genre de sabre est appelé "hanger" par les anglophones, terme intraduisible dans notre cas (littéralement, "hanger" signifie "porte-manteau" ou, en mécanique, "suspension") qui désigne ce qu'on pourrait appeler un "coutelas" : un sabre compact et agile servant d'arme d'appoint. En bas, on voit un sabre de même provenance dont le dos forme des vaguelettes, à la manière des lames dites "flamberge", dont l'utilité reste à préciser. Il rappelle le "langmesser" allemand mais sa construction à soie traversante l'en éloigne puisque le langmesser était monté à plate-semelle. Au milieu, on peut observer une épée de chasse en très bon état de conservation. Ce set était sans doute l'attirail de chasse d'un seigneur, les deux exemplaires du bas servant à la chasse proprement dite alors que le modèle du haut aurait servi de dague de vénerie (ou "couteau à servir") : l'arme avec laquelle on porte le coup de grâce sur la bête blessée. La lame très longue pour un "couteau à servir" se justifie par la taille de la bête : on ne chassait pas que des chevreuils, à l'épée, mais aussi et surtout des ours, des cerfs et parfois de grands fauves exotiques. Il fallait donc une arme conséquente pour les abattre.

Reproduction d'une rhomphaia, un sabre utilisé par les daces, les scythes, les sarmates, les thraces, les bastarnes et dont le nom français est "harpé". Les romains en parlent parfois sous le nom de "ensis falcata", mais il faut prendre garde avec ce terme, puisqu'on risque de confondre avec le sabre grec à courbure rentrante totalement différent de la rhomphaïa qu'on appelle aujourd'hui "falcata" et qui, à l'époque, s'appelait "machaïra". Cette arme est antique, mais elle a la notable particularité d'avoir été utilisée jusqu'au XIIe siècle de notre ère comme arme des gardes de l'empereur byzantin, une longévité étonnante puisqu'elle était déjà utilisée, sous la même forme, 350 ans avant notre ère. Collection privée.

Diverses harpé retrouvées lors de fouilles archéologiques. On note que la courbure, toujours rentrante, est plus ou moins prononcées et que les poignées sont très longues (environ 40 à 50 cm), même comparées aux lames qui, elles aussi, sont tout sauf courtes (environ 80 à 120 cm, moyenne de 90-100 cm). Le troisième et le cinquième exemplaire en partant de la gauche sont brisés.

Après ces modèles, qui ont pour certains perduré jusqu'au XVIIe siècle, on trouve des sabres d'inspiration orientale qui ont eu énormément de succès en Europe de l'Est, notamment en Pologne, en Lituanie, en Arménie, en Hongrie, en Ukraine, en Russie (on ne peut parfois faire la différence entre le "klytch" slave et le cimeterre oriental) ou semblable à ceux qu'on utilisera jusqu'à la fin du XIXe siècle et nous sortons de la période médiévale. Néanmoins, il y a de nombreux sabres médiévaux que nous n'avons pas abordés, notamment tous ceux que de nos jours on nomme improprement « fauchon » et dont le nom historique est « malchus », les « messer » allemands et d'autres modèles encore plus spécifiques qu'on regroupe sous le terme latin « ensis ». Ceux-ci sont des dérivations d'outils agricoles et non des armes à part entière créés et étudiés dès le départ comme des armes à la manière des modèles décrits ci-dessus.

12 commentaires:

  1. Reconstituteur, non armé (hormis une petite dague suisse) et spécialisé dans le XVe siècle, je n’ai pu qu’être impressionné par cet article sur les sabres. Mon attention a naturellement été attirée par de magnifiques exemplaires de sabres suisses qui me sont bien moins familiers que les fauchons et autres épées à double tranchant.
    En creusant un peu je me suis aperçu que les objets présentés étaient plutôt « Renaissance » que XVe siècle comme semble l’indiquer les commentaires. Malheureusement, cela déborderait un peu de la période médiévale.
    Celui de J. T. Pälikkö est qualifié « période Renaissance » par l’artisan, quant à l’exemplaire « Référence A489 » de la collection Wallace, il est attribué à Itelhans Thumysen c. 1530.
    Au XVe les sabres se limitaient aux Balkans, à la Russie et à l’empire Ottoman et il aura fallu la confrontation du premier siège de Wien 1526 pour intéresser l’Europe centrale. Il n’entre dans l’iconographie suisse qu’à partir de 1540 lorsque les grandes familles l’adoptent. Il se normalise enfin au XVII pour devenir arme d’ordonnance de certaines troupes. Sa popularité ne serait effective qu’à partir de la « République Helvétique ».
    Vous avez bien raison de dire qu’il n’est que nommé « sabre suisse » puisque cette désignation a été inventée en 1914 par le curateur du musée national pour distinguer le sabre des longues dagues suisses. Les sources des XVI et XVII siècles le désignaient par Schnepf ou Schnäpf. http://www.waffensammlung-beck.ch/waffe194.html
    Un article très intéressant sur le sabre suisse de la collection Vogel se trouve sous : http://www.ritterhaus.ch/pdf/downloads/RHG_Jahrheft_2012.pdf
    Une description d’un sabre suisse fin XVI, sous : https://doc.rero.ch/record/21462/files/I-N-268_1961_08_00.pdf
    Enfin une synthèse de Gessler, Die Entwicklung des Schweizersäbels im 16. bis ins 17. Jahrhundert. In: Zeitschrift für historische Waffen- und Rüstungskunde 6, 1913,264-277, sous : http://en.wikipedia.org/wiki/Swiss_saber

    F. Besson

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  2. Merci de vos précisions
    Je vais étudier ces différentes sources et revoir celles que j'ai déjà consultées pour éventuellement corriger.

    En effet, les représentations de ces sabres sont tardives, mais on sait qu'ils ont existé sous cette forme bien avant puisqu'ils étaient connus comme les armes des mercenaires suisses, dont la fin théorique est la sixième guerre d'Italie, en 1525 et de fait largement avant l'apparition de ces sabres dans l'iconographie. Et la renaissance prend bien place dès la seconde moitié du XVe siècle.
    Aussi, l'article ne dit pas que "sabre suisse" était le seul et unique nom donné à ce type d'arme, mais le nom qu'on lui donne généralement (aurais-je senti des sarcasmes dans votre commentaire ? Peut-être avez-vous lu trop vite).

    Enfin, le but du présent article était justement de combattre le cliché qui dit que le sabre est apparu tardivement en Europe, inspiré des sabres orientaux. En plus des fauchons présentés dans cet article et des "grands couteaux" qui le seront dans un prochain article à paraitre à la fin du mois, l'iconographie représente, dès la seconde moitié du XIVe siècle, des sabres tenus à deux mains esthétiquement proches du fauchon et qui rappellent les sabres suisses plus tardifs. Comme le montre le présent article, les sabres en Europe sont en vérité largement antérieurs aux sabres moyen-orientaux.

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    1. J'ai bien lu et avec intérêt. Par ailleurs, je ne suis pas assez spécialisé dans le domaine du sabre pour me permettre d'être sarcastique. Je ne souhaitais qu'apporter des précisions sur le terme inventé en 1914, par un Suisse, pour distinguer une arme particulière parmi les autres entraînant trop souvent une certaine confusion. J'espère que vous me livrerez des conclusions après lecture des sources que je vous ai transmises pour savoir si leurs auteurs sont dignes de foi ou à ranger dans les "clichéistes".
      Je pense honnêtement que le sabre "renaissance" a plus de chances d'être contemporain avec celui de la collection Wallace que XVe. Quelque soit la date que l'on prenne pour fixer arbitrairement le début de la renaissance : chute de Constantinople ou découverte du Nouveau monde.

      Le service étranger des Suisses commence bien au XVe pour se terminer au milieu du XIXe
      L'interdiction de toute forme de service étranger sans l'autorisation du Conseil fédéral date, en effet, de 1859. Je suis d'un canton qui fournissait à Napoléon les fameux "canaris" (un service quelque peu forcé, soit dit en passant).

      J'ignore d’où vous tirez une fin théorique en 1525 déjà. Les armes les plus connues des mercenaires suisses jusqu'à Pavie me semblent être la pique, la hallebarde et l'épée à deux mains. Qui aurait dit que c'était en réalité un sabre ? Je me demande aussi comment identifier des sabres s'ils ne sont pas présents dans l'iconographie (mais alors comment les reconnaître et de quelle iconographie s'agit-il ?) et encore moins dans la production locale. J'ai aussi lu dans votre article qu'on n'en trouve pas dans les fouilles.

      Cordialement

      F.B.

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  3. Je vous dirais ce que j'en pense. Mon allemand est très moyen, ce qui explique mon temps à les consulter, mais les documents, bien chargés de références et de notes, n'ont effectivement pas l'air de concentrés de clichés.
    Au temps pour moi, j'avais cru y voir une moquerie puisque vous donnez le terme d'époque après avoir restitué un propos que je n'ai pas tenu.

    La fin du XVe siècle, comme datation pour ce modèle de Pälikkö, est peut-être un peu tôt, admettons. On trouve des modèles de ce style esthétique jusqu'au XVIIe siècle, on peut donc effectivement avoir des doutes. Néanmoins, pour avoir étudié de nombreuses pièces, sabres ou pas, de la seconde moitié du XVe siècle, je peux témoigner que ce genre de montures y a existé. C'est justement sur l'étude des styles de lames et de montures sur des pièces authentiques que je base cette appréciation. Elle reste discutable, bien évidemment, mais elle ne me parait pas erronée.

    Les mercenaires suisses prennent effectivement fin avec la bataille de Pavie, en 1525. Je sais, il y a eu (et il y a toujours) des gardes suisses chez les rois, par exemple, de France même après 1525, seulement il y a une nuance.
    Lors de la bataille de la bicoque, les mercenaires suisses, qui ne sont équipés que d'armes de corps à corps, avancent en rangs serrés sous les feux ennemis, qui utilisent l'artillerie mais aussi une nombreuse force d'arquebusiers. C'est une grave défaite pour les gardes suisses.
    Plus tard, à la bataille de Pavie, les mercenaires suisses sont encore une fois écrasés. Là, ce n'est pas la faute à leur organisation manquant d'armes à feu, mais simplement parce qu'ils sont largement en sous-nombre. Néanmoins, ce sont deux défaites et elles coûtent très cher à la France. Les mercenaires suisses perdent leur réputation de guerriers invincibles et c'est l'avènement réel d'une autre force de mercenaires (qui avait quand même déjà bien vécu avant ça) : les lansquenets. Similaires aux mercenaires suisses, ils ont l'avantage de se battre surtout à l'arquebuse et s'arrangent toujours pour avoir un puissant soutien d'artillerie avec eux.
    De fait, ce ne sont pas réellement les mercenaires suisses qui disparaissent, mais leur manière de combattre : avancer en rang sous le feu ennemi en espérant avoir assez d'homme, une fois au corps à corps, pour l'écraser. Jusqu'à la bataille de la bicoque, ça avait bien fonctionné mais, finalement, ça n'a duré qu'un temps.
    Néanmoins, effectivement, certains ont continué à engager des mercenaires suisses, qu'on a d'ailleurs fini par appeler "gardes" plutôt que "mercenaires" puisqu'ils n'avaient plus de rôle guerrier : ils n'étaient que gardes du corps/du palais. On notera aussi que ce n'est pas parce que leurs tactiques étaient dépassées qu'ils se battaient mal : au contraire, ils étaient toujours réputés pour leur talent au combat rapproché (en terme individuel), ce qui en faisait d'excellents gardes du corps.
    Aussi, il ne faut pas oublier qu'engager comme gardes des mercenaires venus de suisses était une tradition (le traité de Genève, par exemple, lie la France et les mercenaires suisses, et ce traité ne stipule pas que la clause devient caduque si lesdits mercenaires se prennent une éventuelle raclée), alors qu'engager de véritables armées de mercenaires, suisses ou pas, était un standard militaire jusqu'à l'avènement des grandes armées de l'ancien-régime ou de la période napoléonienne : peu d'armées de métier existaient réellement et le gros des forces était constitué de mercenaires. Il est donc tout à fait logique qu'après leur fin théorique, donc à la bataille de Pavie, des mercenaires venus de suisse fussent toujours engagés et notamment comme gardes des notables et de leurs palais, même si ils n'étaient plus, ou si peu, engagés par milliers dans l'optique de livrer une grande bataille.
    Les mercenaires suisses sont alors devenus les gardes suisses.

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    1. [mais les documents, bien chargés de références et de notes, n'ont effectivement pas l'air de concentrés de clichés.]
      Je vous remercie de m’avoir rassuré sur ce point et je vous laisse tout le temps nécessaire à une lecture plus complète. A la page 8 du « Rittershaus » on peut y lire que le « sabre suisse » connu comme étant le plus ancien (de la collection ?) date de 1540 et qu’il a été découvert dans « mon » lac dans un état de conservation remarquable.
      [vous donnez le terme d'époque après avoir restitué un propos que je n'ai pas tenu.]
      Je suis navré d’avoir mal interprété le commentaire fait sous la photo Pälikkö qui dit « même époque » alors que celle de Fletcher juste au dessus mentionne XVe. Peut-être qu’avec « probablement XVe » ou une reprise de l’auteur qui se contente de « Renaissance » m’aurait évité cet impair.
      [Les mercenaires suisses prennent effectivement fin avec la bataille de Pavie, en 1525….De fait, ce ne sont pas réellement les mercenaires suisses qui disparaissent, mais leur manière de combattre ]
      Je comprends mieux votre idée de fin théorique basé sur un changement de tactique militaire qui évolue en fonction de l’introduction de nouvelles armes ou la confrontation de stratégies. En revanche, je saisis mal si vous vous basez sur le mercenariat volontaire ou les capitulations d’états souverains (cantonaux). Participer à la campagne de Russie ne fut pas une colonie de vacances ou un petit tour de garde.
      Je conseille à tout lecteur qui s’intéresse à ce dernier sujet la lecture suivante :
      http://rha.revues.org/4952
      Et c’est une simple affaire de drapeaux, à la suite d’une nouvelle campagne, qui entraina leur disparition :
      http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F6634.php
      En 1848, ils participèrent aux deux campagnes contre la République romaine et pacifièrent les villes insurgées de Sicile. Leur comportement à cette occasion fut objet de critiques; celles-ci poussèrent le Conseil fédéral, en 1851, à interdire tout recrutement pour le service étranger et à réclamer la suppression des armoiries cantonales et nationale sur les drapeaux des régiments. Après la mort de Ferdinand II, en 1859, les régiments furent officiellement dissous, à la suite d'une mutinerie, les hommes s'étant opposés à ce qu'ils considéraient comme une mutilation de leurs drapeaux. Trois nouveaux bataillons étrangers combattirent toutefois en Sicile contre Garibaldi, en 1860. Oskar Mörikofer, agent général de Suisse à N., mena les difficiles négations relatives au paiement et au retrait des hommes après la dissolution des régiments suisses.
      Mais pour en revenir « avant » Pavie 6, la diète de Zurich (les assemblées fédérales se tenaient dans différentes villes. Berne n’était pas encore une capitale), a été contrainte de prendre des mesures pour éviter que des Suisses puissent se trouver dans des camps adverses comme cela était arrivé. Les Suisses savaient tourner leur veste lorsque la solde était remise en question !

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  4. Concernant leur armement, effectivement, ils utilisaient des piques, qui n'étaient néanmoins pas leur apanage. Ils utilisaient aussi, effectivement, l'épée longue, qui était à l'époque une des armes les plus répandues dans la troupe et encore plus chez les mercenaires, suisses ou non. Et la hallebarde, aussi, qui là encore était extrêmement répandue, chez les mercenaires suisses comme chez les autres.
    Aucune de ces armes n'est donc caractéristique des mercenaires suisses. Ce sont les armes de cette époque, pas des suisses. D'ailleurs ce ne sont pas les suisses qui ont réinventé cette formation en phalange de piquiers qui, une fois le choc survenu, se battaient à l'épée longue et à la vouge/hallebarde/arme d'hast quelconque, mais les flamands, au tout début du XIVe siècle.
    Quelles armes sont donc caractéristique des suisses ? Il y a entre autres le "holbein" ou "schweizerdolch", leur dague (qui en vérité n'était pas forcément une dague : il arrivait qu'elle ait la taille d'une épée, mais l'imaginaire collectif l'a retenue comme une arme de petite taille) et ce fameux sabre (que personnes et surtout pas moi n'ai dit être ou confondu avec l'épée à deux mains).
    Les textes d'époque qui indiquent leur usage (ne prenez pas la peine de m'en demander un, je n'en ai pas sous le coude. Je préfère le dire tout de suite) et les pièces découvertes sur sites de fouilles (dont l'analyse permet de les dater) nous permettent de témoigner de leur existence avant leur apparition dans l'iconographie (de mémoire, je crois qu'on peut trouver des précisions dans Le Costume, l'Armure et les Armes au Temps de la Chevalerie, Volume 2, de Liliane et Fred Funcken). La première photographie de sabre suisse de l'article présente un de ces modèles, dont la lame est clairement XVe siècle (on retrouve une gouttière large qui s'arrête aux deux tiers de la longueur et qui est suivie par un nerf, architecture qu'on retrouve sur de nombreuses lames de l'époque, quelle que soit la forme - sabre, épée, dague. Sur les lames droites à double tranchant, Oakeshott identifiait cette forme comme une déclinaison du type "XIIa" de sa classification) et la monture caractéristique du sabre suisse.

    La remarque concernant l'absence presque totale (voire totale) de sabres de certains types dans les sites fouilles ne concerne pas le sabre suisses, certes rare mais dont on a tout de même suffisamment de traces physiques.
    Enfin, l'article n'évoque aucune pièce dont on n'a aucune trace ni physique, ni iconographique ni textuelle (évidemment). Il parle seulement de leur extrême rareté et de pièces dont on a une trace iconographique mais pas physique, ou le contraire.
    par exemple, ce type de fauchon à deux mains : http://www.myarmoury.com/talk/files/falchion_2_112_840.jpg
    Ici, on voit une représentation d'une arme du même type (la monture diffère mais on trouvait les deux à la même époque) : http://img24.imageshack.us/img24/2661/140014255france.jpg
    Là, on voit un fauchon à deux mains dont le dos forme deux décrochés et dont on n'a aucune trace physique, mais qu'on retrouve sur quelques illustrations d'époque : http://visualiseur.bnf.fr/ConsulterElementNum?O=IFN-8100039&E=JPEG&Deb=151&Fin=151&Param=C

    Peut-être que l'article n'est pas assez clair, ou peut-être lisez-vous un peu vite, seulement j'ai pu noter que beaucoup de mes propos que vous restituez sont mélangés, raccourcis ou clairement déformés (dois-je en dresser une liste?). J'apprécie de parler histoire, pas de jouer à "qui a raison/qui a tort" avec un inconnu sur internet. Si votre but est bien de discuter en bonne intelligence de cet article, j'apprécierai que vous le fassiez après avoir bien vérifié si vous avez compris ce qui est écrit dedans, et si vous le citez, que vous le citiez bel et bien, et non une version déformée de ce qu'il dit.

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    1. [ils utilisaient des piques, qui n'étaient néanmoins pas leur apanage.]
      J’en conviens puisque la leur était la « longue pique » et qu’elle fait bien partie de le leurs armes caractéristiques. Elle a été inventée dans le 1er quart du XVe suite à l’observation de lances utilisées par des cavaliers démontés.
      Plus tard, aux guerres de Bourgogne, Louis le onzième en a commandé de plus longues. Encore a-t-il fallu trouver du personnel capable de les manipuler. Sacré stress pour les instructeurs !
      [clairement déformés (dois-je en dresser une liste?)]
      Je vous en prie car elle ne doit pas être longue. Je pense que vous faites allusion au sabre [connus comme les armes des mercenaires] d’avant Pavie ce qui devrait contrarier les historiens militaires qui évoquent principalement l’épée.
      Il faudrait compulser les montres du XVe pour se forger une meilleure idée. Je n’ai pris connaissance que d’une seule, celle de ma ville, combourgeoise de celle de Berne. Sur les 526 personnes convoqués à l'inspection de 1470, 134 étaient armés de fauchons et 3 d'épées. Ce n’était certes pas des mercenaires, j’en conviens et chaque ville avait ses spécificités.
      La typologie est donc respectée et l’on de parle pas de sabre puisque ce terme n’entre dans la langue qu'au milieu du XVIIe siècle. Il ne devrait donc pas être employé pour les armes antérieures à 1640 (Larousse). Il est emprunté du slave ce qui démontre le sens de sa propagation. Lire la Chronique de Nestor (Xe) et la façon dont le sabre est opposé à l’épée peu s’avérer passionnant.
      [J'apprécie de parler histoire, pas de jouer à "qui a raison/qui a tort" avec un inconnu sur internet.]
      En m’efforçant de partager des informations complémentaires je n’ai pas l’impression de jouer. Quant à l’inconnu, je précise que nous partageons des informations sur un blog adopté en commun et que chacun a pris la peine de se présenter.
      [vous le fassiez après avoir bien vérifié si vous avez compris ce qui est écrit dedans]
      Moi pas toujours comprendre bien et vérifier encore plus difficile... comment savoir que fin théorique = fin tactique car même pas synonyme ?

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    1. Merci M. Guinet pour cet article clair et detaillé qui apporte beaucoup de réponses .
      Mathieu Nicourt.

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  6. J'ai lu votre double article sur le fauchon que j'ai trouvé très enrichissant. Petite question cependant : connaissez-vous le poids du fauchon des Invalides ? Je l'ai cherché un peu partout, mais pas moyen de le trouver (ou mieux, une estimation de son poids d'origine).
    Merci pour ce travail dans tous les cas !

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  7. Malheureusement je ne connais pas son poids. Il faudra contacter directement le musée des invalides après avoir trouvé le numéro d'inventaire du fauchon et leur demander.

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    1. J'ai réussi à les contacter, il pèse en fait 870g (donc certainement environ 950g dans son état d'origine). À noter qu'il est en fait beaucoup plus court que le fauchon de Thorpe : il mesure 83cm de longueur totale, dont 68cm de lame.

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