mercredi 4 juin 2014

Les Instruments du Scribe

Qui s'essaie à la Calligraphie sur les campements, doit avoir dans sa besace différents outils. En effet, le scribe médiéval avait tout un tas d'instruments à sa disposition. Différentes sources écrites en font état, tels Alexandre Neckam et Jean de Garlande.


Voici une liste, non exhaustive :


  • Le lutrin sur lequel repose le livre et le pupitre sur lequel on écrit ;
  • Un tapis de table de couleur verte pour reposer la vue dont la fatigue oculaire est grande :
  • La corne-encrier de bovidé fichée dans le pupitre. Elle contient l'encre noire (on dira son enke plain cornet). Parfois, il y a plusieurs cornes pour les encres de couleurs, rouge, vert, jaune ou bleu. Il existait un métier d'encrière ou d'encrier pour celle ou celui qui fabriquait l'encre. Parfois, une éponge ou de la gaze pouvait être glissée dans l'encrier pour imbiber l'encre et ainsi permettre de ne prendre que ce qu'il faut de cette encre sur la plume. On pouvait mettre aussi l'encre dans une ampoulette de verre (une petite fiole) ou dans une burette (fiole à une anse). Un produit, une sorte de sable, pouvait être saupoudré sur l'écriture encore fraîche. ;

  • La plume d'oie (ou éventuellement de cygne) et le canivet pour tailler la plume (on dira quenivet a trencier pennes - plumes-), le tout pouvant être mis dans un calemart, l'étui à plumes. Il y a en tout six types de canivets aux formes différentes. Le calame, un roseau taillé, était aussi utilisé au début du Moyen Âge ;

  • Le papyrus, le parchemin, le papier étaient utilisés au Moyen Âge, mais c'est bien sûr la peau animale qui domine durant toute cette période. Le vélin et autres petits morts-nés étaient très prisés pour leur finesse et leur blancheur (on trouve des peaux appelées parchemins davoirtons -petits avortés-, des veeslins, des chevrotins et des froncines -agneaux morts nés-)  ;
  • La tablette de cire et son stylet ou greffe, plus éventuellement la boîte ou l'étui à stylets que l'on appelle greffier ;
  • L'instrument en fer que l'on appelle rasorium ou novaculum en latin, pour débarrasser le parchemin de ses impuretés ;
  • La pierre ponce utilisée pour égaler la surface du parchemin ; 
  • Un mélange de gomme sandaraque et de coquilles d'oeuf pour préparer la surface du parchemin au travail de calligraphie (est recommandé pour les parchemins gras) ; on étalait ce vernice avec un pied de lièvre
  • La mine de plomb et la règle d'acier (et éventuellement un compas en laiton) pour tracer la réglure (la portée dirions-nous maintenant), ou bien une encre rose ou noire pour le tracé ; 
  • Une lymette pour polir les livres.
On ajoutera des bésicles et un miroir, autre moyen de se reposer la vue.

Vous pouvez lire une bibliographie sur les instruments du scribe : http://arhpee.typepad.com/enluminure/2013/09/bibliographie-des-instruments-du-scribe.html

Et pour les outils du scribe, vous pouvez visiter : http://arhpee.typepad.com/enluminure/outils-professionnels-scribe/


1 commentaire:

  1. Le miroir contre les souffrances du scribe ?

    Par Barthélemy l'Anglais on apprend que la fatigue oculaire était grande, et Dieu soit loué, il proposa le tapis de casino comme parade.
    En revanche je souhaiterais bien savoir comment le miroir devait être utilisé pour soulager la vue si ce n'est pour examiner l'état de gonflement de ses yeux.

    Une autre plainte récurrente semble cependant n'avoir trouvé aucune solution car elle se manifeste dans un large cercle de manuscrits. Elle apparaît généralement dans une note écrite sur la dernière page, là ou figurent parfois quelques mots d'excuse pour d'éventuelles erreurs, ou dans une marge.

    L'une parmi d'autres est ainsi libellée (1)
    Qui nescit scribere, non putat esse laborem. Tres enim digiti scribunt, totum corpus laborat

    "Qui n'a jamais écrit ne peut pas savoir le travail que cela représente. Seuls trois doigts pour écrire mais c'est tout le corps qui travaille."

    Les nombreuses images sélectionnées dans la publication sur les outils du scribe montrent bien les deux doigts inutilisés qui sont recroquevillés mais aussi le fait que la main ne repose sur aucun support.

    Combien de siècles auront-ils attendus la solution en vain ?

    La dystonie ou crampe de l'écrivain est encore bien connue. Même la souris de l'ordinateur pouvait provoquer des tendinites avant l'apparition des écran tactiles. Aurions nous enfin trouvé le confort ?

    (1) Schafe für Ewigkeit, Stiftbibliothek St.Gallen, p.52

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